La mémoire dans la musique (2/2)

Dans mon précédent article, nous avons démarré un focus sur la mémoire. Nous avons commencé par définir les différents types de mémoires, ainsi que le fonctionnement du processus de mémorisation (perception de l’information, encodage, stockage et restitution).
Aujourd’hui, je vous propose de plonger dans les trucs et astuces pour mémoriser plus facilement des paroles ou des passages musicaux. N’hésitez pas à tester pour découvrir ce qui vous correspond le mieux, et surtout amusez-vous avec votre mémoire !

La mémoire et les paroles d’un chant
Pour apprendre les paroles d’une chanson, je vous propose plusieurs astuces, que vous pourrez utiliser soit seules pour certaines, soit combinées pour d’autres. N’hésitez pas à y ajouter une dimension de jeu : la mémoire fonctionne bien mieux avec un côté ludique.
1 – Découpage du texte en petites parties
Plutôt que de chercher à apprendre une chanson par coeur en une fois, découpez la en petites parties. Et commencez par apprendre une de ces parties, comme vous le feriez avec une poésie. L’idée ici, c’est d’avancer petit à petit. Par exemple, chaque jour apprenez une phrase de la chanson.
Vous pouvez choisir d’apprendre chaque phrase directement avec la mélodie, ou bien de simplement réciter le texte. Dans ce second cas, je vous conseille malgré tout de conserver le côté rythmique du texte autant que possible, pour rester dans la musicalité même sans la mélodie.

2- Donnez du sens
En général, une chanson raconte quelque chose, une histoire, une situation, une émotion. Il peut y avoir des actions décrites, des lieux. Essayez de les visualiser, et d’imaginer comme un film, avec des personnages ou des personnes que vous connaissez. N’hésitez pas à rajouter un côté un peu loufoque si cela vous aide : amusez-vous !
Par exemple, si vous devez mémoriser les paroles « Je me lève, et je te bouscule, tu ne te réveilles pas, comme d’habitude », vous pouvez imaginer cette scène tout en chantant les paroles : un couple dans un lit, l’un des deux se redresse, s’assoit dans le lit, secoue l’épaule de l’autre pour le réveiller, mais il se retourne et se remet à ronfler, et vous voyez la tête totalement blasée de celui qui est réveillé.
3- Utilisez des moyens mnémotechniques
Parfois, les paroles de plusieurs strophes se ressemblent et on ne sait jamais dans quel ordre elles sont. Une astuce redoutable, c’est de trouver une logique, même si c’est une logique très personnelle. Et si en plus vous y ajoutez une touche d’humour, votre apprentissage en sera facilité.
Par exemple, dans la chanson « Je ne suis pas un héros » de Daniel Balavoine, on hésite facilement entre « Il faut trouver la flamme qu’il faut » et « J’ai trouvé la trame qu’il faut ». Un moyen mnémotechnique spécial Alsace et Moselle proche serait : d’abord on mange une flamm et ensuite on rentre en tram ! (spéciale dédicace pour quelques choristes qui se reconnaîtront ;-))

4 – Ajoutez une gestuelle
Nous avons vu dans l’article expliquant les types de mémoires et le fonctionnement de la mémoire que nous avons plusieurs entrées possibles pour apprendre, dont la mémoire kinesthésique, mémoire du corps et des gestes.
Vous pouvez vous amuser à inventer une petite chorégraphie, ou un geste qui va vous aider à vous rappeler de l’enchaînement des paroles. Dans un second temps, vous pourrez choisir de laisser ou non vos gestes.
5 – Réécrire les paroles
Une autre façon d’utiliser la mémoire kinesthésique est d’utiliser l’écriture. Vous pouvez écrire les paroles en entier, à la main ou sur ordinateur, plusieurs fois jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment familières.
Evidemment, vous pouvez chanter avec les paroles sous les yeux. Cela fait appel à votre mémoire visuelle, photographique.
Dans un second temps, vous pouvez écrire uniquement les débuts de phrases et compléter la phrase en la chantant, puis les débuts de strophes, jusqu’à ce qu’en fin de course vous n’ayez plus besoin de cette amorce.
6 – L’écoute active pour favoriser la mémoire auditive
Vous pouvez écouter plusieurs fois le chant que vous travaillez en focalisant toute votre attention dessus. Ecoutez attentivement les paroles, la mélodie, le sens du texte, l’émotion qui se dégage de la façon de chanter de l’interprète, etc.
Cette écoute active vous permettra un gain de temps ensuite, grâce à votre mémoire auditive. Elle aura encodé et stocké les informations, et la chanson vous paraîtra bien plus rapidement comme « connue ».

7 – L’écoute « inconsciente » pour le début de l’apprentissage
Alors là, il s’agit d’utiliser une autre fonction de notre mémoire : celle où les informations sont captées sans que l’on en soit conscient. Vous pouvez mettre la chanson en boucle tout en faisant d’autres tâches, comme conduire, marcher, ou encore des tâches ménagères. Votre mémoire va percevoir et stocker des informations sur la chanson sans même que vous ne vous en rendiez compte.
Un exemple : souvenez-vous l’époque des autoradio CD, on écoutait en boucle le nouveau CD qu’on venait d’acheter. Cela ne vous est jamais arrivé de ré-entendre un morceau et de vous retrouver plongé à une époque, ou un endroit, rien qu’à l’écoute de ce morceau ? Hé bien l’inverse est possible aussi : en repassant à un endroit où vous entendiez souvent un morceau ou un CD en particulier, je vous parie que vous penserez à ce morceau ou ce CD, même si vous ne l’avez pas sous la main…
La mémoire et les pièces instrumentales
1 – Découpage du morceau en plusieurs séquences
De la même façon que pour apprendre des paroles, la mémorisation d’une pièce musicale se fait plus facilement en découpant le morceau en plusieurs séquences : soit une strophe, soit une phrase musicale, soit un ensemble de mesures. Choisissez le découpage qui vous convient le mieux, en fonction de la pièce que vous travaillez. Abordez ensuite une séquence, et quand vous la maîtrisez, vous pouvez passer à la suivante, et ainsi de suite.
Egalement, pour chaque séquence, vous pouvez selon le cas choisir de vous focaliser sur le côté mélodique, puis sur le côté rythmique, puis sur la progression harmonique, avant de tout remettre ensemble.
2 – La mémoire corporelle
Exercez-vous sur un passage précis en vous focalisant sur votre geste musical : coups d’archet, position des doigts, coups de mediator, position de vos coudes, de vos épaules…. Refaites le plusieurs fois tout en vous concentrant sur votre corps et uniquement votre corps.
Dans un second temps, vous pourrez mimer précisément le passage musical que vous avez travaillé, en l’absence de votre instrument, et « entendre » dans votre tête le son correspondant.

3 – L’écoute active
Ecoutez attentivement une ou plusieurs versions de la pièce musicale que vous travaillez et focalisez vous sur le son de votre instrument. Qu’entendez-vous ? Quelles intentions, quelles nuances, quelles harmonies, quelles successions d’accords, quelles couleurs sonores, quels rythmes, etc ? Votre mémoire auditive sera activée, ce qui vous permettra d’encoder, de stocker, puis de restituer bon nombre de ces paramètres.
4 – Chantez la mélodie que vous devez jouer
Une autre façon d’activer votre mémoire auditive est de chanter la mélodie que doit jouer votre instrument. Cela vous permet de poursuivre la mémorisation même en l’absence de votre instrument.
Cette astuce est évidemment plus compliquée pour les instruments polyphoniques. Dans ce cas, son avantage est quand même de devoir synthétiser, et trouver quelle succession de notes et donc quelle mélodie doit ressortir dans votre jeu.
5 – L’écoute « inconsciente »
De la même façon qu’indiqué plus haut, on va laisser notre inconscient capter un maximum d’informations en vaquant à d’autres occupations.
Et vous ?
Avez vous des techniques, des trucs et astuces pour bien mémoriser ?
N’hésitez pas à me laisser un commentaire sous cet article pour les partager, ou à me contacter via le formulaire Contact si vous souhaitez que j’aborde un sujet en particulier dans un prochain article.
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