La mémoire dans la musique (1/2)

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mémoire et musique

Aujourd’hui, je vous propose un focus sur la mémoire, ou comment mettre toutes les chances de son côté pour apprendre par coeur une pièce musicale pour ensuite la jouer ou la chanter.

Alors oui, me direz-vous, les partitions existent et on peut vouloir chanter et jouer avec la partition sous les yeux. Oui oui, je vous l’accorde. Mais même dans ce cas, vous avez besoin d’utiliser votre mémoire, pour vous permettre de vous détacher de la partition pour sortir du pur déchiffrage et automatiser votre geste musical, et ainsi vous laisser aller davantage dans l’expressivité et la musicalité.

Mais d’abord, la mémoire, qu’est-ce que c’est ?

La mémoire est une fonction de notre cerveau qui se passe en 3 temps : l’encodage de l’information reçue par le biais de nos 5 sens, le stockage de cette information, et sa restitution. Ce processus se passe dans plusieurs régions distinctes de notre cerveau, qui vont interagir entre elles. Il existe 5 types de mémoire :

  1. la mémoire de travail : c’est une mémoire à court terme, immédiate, qui permet de retenir les informations du présent pendant que l’on exécute une tâche, sur une durée inférieure à 10 minutes. Elle est sollicitée non stop dans notre quotidien. Par exemple, c’est elle qui vous permet de retenir l’armure de dièses ou de bémols présente à la clé lors de votre première lecture de la partition.
  2. la mémoire sémantique : c’est une mémoire à long terme, qui concerne le langage, nos connaissances sur le monde, et sur les concepts qui nous entourent. C’est grâce à elle que nous savons ce qu’est un violon, ou une guitare, ou encore un piano, ou que nous savons qui sont Mozart, Maria Callas, Eddy Mitchell ou encore Coldplay.
  3. la mémoire épisodique : c’est la partie de notre mémoire à long terme qui contient les informations sur les évènements vécus personnellement (lieux, personnes, émotions ressenties). C’est elle qui est à l’oeuvre quand on se souvient par exemple d’un concert d’il y a 2 ans, surtout si une anecdote personnelle y est reliée. Et c’est aussi cette mémoire-là qui nous permet de nous projeter vers notre futur concert, en se basant sur ce qui a déjà été vécu auparavant dans des contextes similaires.
  4. la mémoire procédurale : il s’agit de la mémoire des automatismes, basés sur des apprentissages, comme la marche, faire du vélo, jouer un accord de do à la guitare, jouer un sol sur le violon, tenir l’archet, etc. Ici, l’action commandée grâce aux informations stockées dans cette mémoire est effectuée de façon inconsciente, c’est à dire qu’il est difficile d’expliquer pourquoi et comment on sait faire cette action.
  5. la mémoire perceptive : c’est une mémoire qui utilise nos sens pour capter et retenir des informations, consciemment (je rencontre une personne et je souhaite retenir son visage et son prénom) ou, le plus souvent, inconsciemment (je perçois des sons, des couleurs, des odeurs, que je peux retenir sans m’en rendre compte).

Pour sur notre processus de mémorisation soit efficace, les 5 types de mémoires fonctionnent ensemble.

La mémoire de travail, à court terme, va encoder des informations qui vont être envoyées en stockage dans les quatre autres types de mémoire, qui constituent la mémoire à long terme.

La restitution des informations ainsi stockées peut se faire de façon consciente et explicite, grâce à la mémoire sémantique ou épisodique (je me souviens de… je sais que…) ou inconsciente et implicite, grâce à la mémoire procédurale ou perceptive (je n’ai pas besoin de réfléchir pour tenir mon instrument de façon à en jouer… je m’aperçois que j’ai déjà entendu cette musique quelque part…).

Comment fonctionne la mémoire ?

La perception de l’information

L’information est captée par nos sens : la vue, le goût, le toucher, l’odorat ou l’ouïe.

Dans le cas de la pratique musicale, nous allons nous concentrer principalement sur l’ouïe, ainsi que sur la vue : j’entends une pièce musicale, j’entends les sons, les notes, les accords, les nuances, etc, et je vois la partition, la grille d’accords, les paroles, le professeur faire une démonstration, etc.

L’encodage de l’information

Lorsque l’information est perçue, je choisis de focaliser mon attention dessus. J’écoute, je regarde, mais je peux aussi être dans l’action, c’est à dire reproduire un son ou un geste. Dans notre cas, je peux jouer une phrase musicale que j’ai entendue par exemple.

La mémoire de travail est activée pour traiter ces informations. Elle va encoder les éléments, avant de les envoyer pour stockage dans les autres mémoires. Plus on est attentif et concentré lors de ce processus, et plus on fait de liens avec des éléments déjà connus, meilleure sera l’information stockée ensuite.

C’est la phase d’apprentissage : observer, écouter, reproduire, corriger, etc.

Le stockage de l’information

Après son séjour dans la mémoire à court terme, l’information est envoyée vers les autres types de mémoire, constituant la mémoire à long terme. La qualité de l’information stockée dépend directement de l’attention et de la concentration lors de l’encodage.

Dans notre cas de pratique musicale, la mémoire procédurale est essentielle. Et là, pas de secret, c’est la répétition dans la mémoire de travail qui va renforcer le stockage de l’information, et ainsi faciliter son accès ultérieur pour la restitution.

Vous pouvez imaginer la mémoire comme une bibliothèque : plus vous lui envoyez d’exemplaires du même livre pour y être stocké, plus vous avez de chances de retrouver ce même livre ensuite.

La restitution de l’information

Une fois stockée, l’information doit pouvoir être accessible pour être restituée.

Et là il y a plusieurs possibilités, ou canaux, pour accéder au contenu qui a été mémorisé : le souvenir visuel (je revois la partition dans ma tête), le souvenir auditif (j’entends la musique intérieurement), le souvenir kinesthésique, c’est à dire du mouvement, (je refais automatiquement le geste à l’instrument pour jouer ce que j’ai appris), le souvenir olfactif (une odeur en particulier me rappelle…), ou encore le souvenir gustatif (le goût d’un aliment me rappelle…).

Si vous reprenez l’image de la bibliothèque, l’accès à l’information se fait grâce au système de classement (par auteur, par genre, par âge de lecteurs, etc).

Et vous ?

Avez vous des techniques, des trucs et astuces pour bien mémoriser ?

N’hésitez pas à me laisser un commentaire sous cet article pour les partager, ou à me contacter via le formulaire Contact si vous souhaitez que j’aborde un sujet en particulier dans un prochain article.

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